23 numéro 206 - hiver 2011-2012

mercredi 18 janvier 2012

EDITO : 20 ans après Rio, réintroduire du débat !

Incontestablement, le Sommet de la Terre à Rio en 1992 a marqué un moment important dans la vie de notre maison. Alors, faisant taire nos scrupules d’anciens combattants, nous cédons à la symbolique du regard dans le rétroviseur « 20 ans après ».

Pourquoi une notion aussi floue et susceptible de récupération que le « développement durable » a-t-elle entraîné une mobilisation sincère et une dynamique qui se poursuit ? Ceux qui à l’époque agissaient pour protéger la planète, ceux qui avaient lutté contre le colonialisme et pour la libération des peuples, ceux qui aspiraient à la justice entre les peuples et entre les personnes d’un même peuple, et ceux qui peu ou prou portaient en eux toutes ces valeurs à la fois, ont vu dans Rio la reconnaissance mondiale du fait qu’elles sont indissociables et qu’il faut les faire vivre en cohérence : on peut comprendre que cette perspective ait été enthousiasmante.
A côté de la conférence officielle réunissant les chefs d’Etat, s’est tenu à Rio le Forum Global, où 7000 ONG du monde entier ont débattu pendant dix jours, marquant leur volonté de ne pas laisser aux seuls gouvernements le monopole de décider de l’avenir de la planète. L’appel à élaborer et mettre en œuvre des « agendas 21 » apparaissait comme un moyen de mobiliser aussi les pouvoirs locaux. Bref : la convergence des actions était en marche !

Une prise de conscience croissante

Depuis, nous avons assisté, et participé, à une prise de conscience croissante des changements climatiques, de l’épuisement des ressources, de l’érosion de la biodiversité, et de la responsabilité de la société de consommation sur cette évolution. Le fait que les pauvres en souffrent davantage que les riches n’est en revanche pas suffisamment pris en compte : il nous est encore difficile de lutter contre les conséquences concrètes de la tyrannie de la concurrence et du profit, peut-être parce que le mode consensuel apparaît plus conforme à nos valeurs humanistes.

Les vingt dernières années ont aussi été marquées par le formidable développement d’un capitalisme financier mondial, qui a conduit à la crise dans laquelle le monde s’enfonce. Et pour nous faire accepter les pires injustices, ceux qui détiennent le pouvoir ne se contentent pas d’arguer de la fatalité, ils n’ont aucun scrupule à profiter de nos aspirations pour se parer des plus verts et vertueux oripeaux.
Pour poursuivre notre dynamique associative et être acteurs des mouvements d’émancipation, il nous faut sans cesse réintroduire du débat et exercer notre citoyenneté critique. Nous restons persuadés qu’un autre monde est possible, qu’une autre vie est possible, où tous les humains auraient accès à la dignité et au bonheur.

Bonne année 2012 !

Gérard MINET, Ligue des Droits de l’Homme
Mireille H AVEZ, Environnement Développement Alternatif
Vice-Présidents de la MRES