Urgence climatique : les réactions des ONG aux annonces d’Emmanuel Macron sur la PPE

Climat / Énergie
mardi 27 novembre 2018

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Les associations du Réseau Action Climat réagissent au discours du Président de la République sur le climat.

Pour Morgane Créach, Directrice du Réseau Action Climat
"Le Président de la République a acté le retard pris par la France dans la transition écologique et beaucoup parlé de méthode, sans faire d’annonces concrètes. Pire, le report à 2035 des objectifs de réduction de la part du nucléaire va freiner la transition écologique. Plutôt que d’entériner de fausses solutions, le Gouvernement devrait mettre en œuvre des mesures supplémentaires pour réduire les émissions des principaux secteurs émetteurs de gaz à effet de serre. Sans ces mesures, ce quinquennat se soldera par un nouvel échec. Qu’il s’agisse de la rénovation performante des logements, de la demande alimentaire ou du projet de loi mobilités, on ne perçoit que des ajustements à la marge, alors que des mesures profondes sont indispensables."

Pour Florent Compain, Président des Amis de la Terre France
"Ce qui est prévu par le gouvernement dans la programmation pluriannuelle de l’énergie (PPE) ne va pas assez vite ni assez loin, et inclut même le risque de fausses solutions comme le recours massif à la biomasse. L’Histoire a montré que les États étaient capables de transformer en profondeur leur économie en temps de guerre. Ce sont ce même type d’efforts qui sont attendus pour construire une société plus juste socialement et plus soutenable écologiquement. Les citoyens sont saturés des effets d’annonces, des fausses solutions, des incohérences et des mesurettes : c’est cela qui nourrit aujourd’hui la colère qui monte."


Pour Jean-Baptiste Lebrun, Directeur du CLER Réseau pour la Transition Énergétique

"Comme ses prédécesseurs, Emmanuel Macron recule devant la nécessité d’engager les mesures structurantes de transition énergétique pour lesquelles les solutions existent pourtant déjà et de nombreux acteurs de terrain sont mobilisés. En exprimant seulement de grandes intentions, il espère sans doute calmer les symptômes des difficultés sociales liées aux prix de l’énergie mais ne s’attaque pas aux causes réelles du problème et des factures des Français, comme les consommations trop élevées des 27 millions de logements en France dont 7,5 millions de passoires énergétiques. Une transition énergétique et solidaire est pourtant possible, en accompagnant les citoyens vers les solutions pertinentes pour eux et pour la planète !"


Pour Audrey Pulvar, Présidente de la Fondation pour la Nature et l’Homme

"Ce discours c’est le statu quo sur l’ère du nucléaire et l’art du vide en matière de transition écologique et solidaire. Nous ressortons avec plus d’interrogations que de réponses. Sur les fermetures de réacteurs nucléaires, par rapport à ce que Nicolas Hulot avait négocié, le Président acte un recul et ouvre la porte à de nouveaux EPR. Sur l’accompagnement, il reste flou concernant l’utilisation des recettes de la taxe carbone. Aucune annonce concrète sur la rénovation énergétique des logements, à part le changement de chaudière. Et ses propos sur l’industrie automobile, partout pour tous, laisse entendre un soutien au tout-routier."

Pour Jean-David Abel, Vice-président de France Nature Environnement
"La PPE annoncée aujourd’hui est inquiétante au regard de l’urgence des enjeux. Elle ne permet pas d’engager la France dans une transition énergétique et écologique digne de ce nom. La fermeture de quelques centrales nucléaires en plus de Fessenheim est insuffisante pour tenir le cap et les engagements de la Loi de Transition Énergétique : la France doit s’engager sur un rythme de fermeture de 2 réacteurs par an minimum pour respecter l’objectif de réduction de la part de nucléaire à 50 %. C’est extrêmement décevant car ce faisant, le Président nie la volonté des Français de réduire la part du nucléaire, les difficultés économiques d’EDF et le risque croissant lié à la prolongation des centrales au-delà des 40 ans. Il est pourtant possible de fermer plus de réacteurs sans mettre le réseau électrique en difficulté, comme démontré par RTE. Avec cette PPE, le gouvernement se montre incapable de se débarrasser du boulet que le nucléaire représente pour la transition énergétique de la France. Enfin, nous appelons le Gouvernement à mettre ses actes en cohérence avec ses mots. Cela veut dire notamment mettre fin aux projets climaticides dans les territoires, comme le Grand Contournement Ouest de Strasbourg ou le forage offshore de Total en Guyane. Et cela veut dire également rendre la fiscalité plus juste, en taxant les plus gros pollueurs que sont les camions, les avions et les navires."

Pour Jean-François Julliard, Directeur de Greenpeace France
"Emmanuel Macron est en train de réussir un tour de force : alors que l’urgence climatique s’aggrave, il s’apprête à faire moins pour la transition énergétique et le climat que son prédécesseur, François Hollande. Les effets d’annonces ne doivent pas masquer la réalité : les mesures annoncées par le président de la République ne permettent pas de réduire rapidement les émissions de gaz à effet dans les secteurs fortement émetteurs, la consommation d’énergie et d’électricité. Au contraire, le gouvernement continue d’accorder un soutien aveugle au nucléaire, au mépris des objectifs fixés en matière d’énergies renouvelables. Le gouvernement semble privilégier les lois dictées par les industriels et les lobbys à celles votées à l’Assemblée Nationale. À quelques jours seulement de l’ouverture de la COP, les beaux discours d’Emmanuel Macron n’y changeront rien, la France se décrédibilise sur la scène internationale. "