Pour la biodiversité et le climat, il faut plus qu’un ministre ; merci Nicolas Hulot.

COMMUNIQUÉ SUITE À LA DÉMISSION DE NICOLAS HULOT, MINISTRE DE LA TRANSITION ÉCOLOGIQUE ET SOLIDAIRE

JPEG - 61.9 kioFace à la tragédie climatique « cela fait 40 ans que l’on s’accommode des petits pas » déplore Nicolas Hulot en ce jour de démission. « Je ne comprends pas que nous assistions à la gestation d’une tragédie bien annoncée dans une forme d’indifférence » déclare-t-il. « On s’évertue à entretenir un modèle économique marchand qui est la cause de tous ces désordres. Non, je ne comprends pas pourquoi ce sujet est toujours relégué aux dernières priorités. »

Cela fait 40 ans que la MNE, devenue MRES, a été créée dans une optique de contestation de ce modèle destructeur. Dès son origine, elle a accueilli, aux côtés des défenseurs de la nature et de l’environnement, les associations de consommateurs, les agriculteurs biologiques, les défenseurs des droits humains et de l’égalité Nord-Sud. Depuis 40 ans elle joue son rôle de diffusion de la connaissance sur l’environnement, d’alerte sur les inégalités, de prise de conscience face au défi climatique. Les bénévoles et salariés des associations qui la composent portent des alternatives et solutions au quotidien. C’est beaucoup, mais face à l’urgence écologique et sociale, nous avons besoin de faire mieux et d’être bien plus nombreux.

Nous partageons le sentiment exprimé par Nicolas Hulot aujourd’hui ; nous entendons son souhait d’introspection de notre société. Il interroge notre capacité collective à mobiliser davantage. Et une question vient : « au quotidien, qui ai-je pour me défendre ? Ai-je une société structurée qui descend dans la rue pour défendre la biodiversité ? »

Nous sommes bien là, actifs sans relâche dans les associations, parfois fatigués des coups reçus, des moyens supprimés, de la bureaucratie aveugle, de l’incompréhension sur la gravité des enjeux surtout. Les mots entendus ce matin nous déterminent toujours plus à contester les demi-mesures, les décisions contradictoires, la mise en concurrence croissante de nos structures pourtant à but non lucratif. Si nous sommes bien là, nous demeurons insuffisamment audibles. Alors nous allons hausser le ton.

Ces mots dits haut et fort ce matin par Nicolas Hulot, nous continuerons à les tenir sur le terrain à tous les citoyens, qu’ils soient en responsabilité politique ou non. Les propos tenus par l’ancien ministre sont inquiétants pour l’agriculture, la rénovation des logements, les choix énergétiques, inquiétants sur le poids des lobbies. Il arrive trop souvent que dans nos territoires, sur les mêmes sujets, des élus et associations se sentent aussi isolés face aux vieilles habitudes, aux petits intérêts privés, aux discours convenus qui ne sont pas suivis d’actes. Cela ne suffit pas à nous décourager, bien au contraire.

Aussi nous appelons à un sursaut citoyen. Plutôt que de jouer au commentateur cynique et fataliste, chacun peut interpeller les décideurs à proximité et demander : pourquoi « s’accommoder des petits pas alors que la situation mérite qu’on change d’échelle » ? Et dans le même temps chacun peut s’engager concrètement à sa mesure, dans des actions à portée collective, tel le jardinier américain Dewayne Johnson qui a décidé de ne pas capituler devant Monsanto. La justice lui a donné raison. Ces victoires-là nous encouragent à aller aussi loin et vite que l’urgence de la situation le nécessite.

Christopher Liénard,
Président de la MRES

Mardi 28 août 2018