Edito : la voix des chênes dans un concert assourdissant de fausses notes...
La forêt est tout sauf ce havre de paix naturelle idyllique dont notre existence artificialisée a besoin, autant qu’en ont besoin les équilibres biologiques survivant parmi nos dévastations consuméristes. Ce propos péremptoire n’évoque pas le niveau médiocre de fraternité qui anime les chaînes alimentaires forestières, mais bien un contexte politico-social menaçant, que des structures engagées comme la MRES ont mission de faire évoluer vers le progrès.
Suicides à l’ONF, perverti en officine de marchandisation, regain d’animosité médiévale dogmatisée par la FNSEA contre la forêt-ennemie ancestrale, galvanisée par l’affichage d’idéaux régionaux, recul des indispensables volontés politiques pour maintenir le cap des corridors biologiques boisés, … la voix des chênes, des merisiers, des campanules, des carabes, des écureuils, pics, éperviers et autres marcassins n’a aucune chance de se faire entendre dans ce concert assourdissant de
fausses notes.
Les alliés récents que sont les puits de carbone palliatifs de l’atmosphère-poubelle, ou le boisement des périmètres de captage pour limiter l’empoisonnement généralisé, pour fondamentaux qu’ils soient, sont encore des alliés trop faibles face aux déterminismes fonciers corporatistes et spéculatifs.
Le citoyen, alors ? Son fonctionnement à l’émotion le rapproche davantage des plaintes de crocodile des « pauv’ paysans » que d’un amour actif de la nature, et le corridor biologique n’est pas sa priorité.
Dans ces conditions difficiles, ne doutons pas que la solution passe une fois encore par la médiation associative, sans laquelle les objectifs et l’idéal citoyen institutionnels demeurent incantatoires.
Alain Trédez – Administrateur MRES