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La Fraternité Ouvrière ou les Tropiques à Mouscron

vendredi 1er juillet 2011

Sous l’impulsion d’un couple de militants, une association basée à Mouscron mêle avec brio éducation populaire, solidarité et écologie. Avec pour support un jardin cultivé avec toute la magie de la permaculture, elle attire les foules et essaime.

Cinq cents personnes par mois qui passent dans le jardin, cent bénévoles qui s’activent pour l’organisation, l’ASBL « La fraternité ouvrière » ne chôme pas. Dans ses locaux, basés au domicile de Josine et Gilbert Cardon, les bénévoles s’activent autour des tiroirs qui tapissent les murs : 6500 variétés de semences y sont stockées, achetées en gros et revendues en petits sachets à bas prix. Et puis un jardin extraordinaire, luxuriant et pourtant jamais arrosé, mêle arbres fruitiers, légumes et condiments qu’on admire en suivant un labyrinthe de sentiers. Sur place, des cours sont dispensés chaque mois, et les échanges de savoirs potagers se font au quotidien. Mais la Fraternité Ouvrière, c’est aussi un système d’achats groupés de produits bio. On y adhère au tarif de 1,50 euro, « pour permettre un accès à tous », dixit Josine. C’est le coeur de l’association : démontrer que l’on peut se nourrir sainement et conserver une bonne santé même si l’on est désargenté.

De la lutte contre les pollutions aux alternatives

Pionniers de l’écologie, le couple a milité en Amérique Latine dans la solidarité internationale avant de venir s’installer à Mouscron, territoire économiquement sinistré. C’est en luttant contre les pollutions industrielles que l’idée leur est venue il y a 40 ans de s’investir dans une autre voie. Dans leur jardin, les Cardon ont expliqué leur manière de cultiver, sans pesticides, en récupérant des graines partagées avec les voisins. « Au départ, beaucoup de femmes sont venues, elles cherchaient à ne pas se casser le dos à bêcher. Toute la richesse du sol est dans les premières couches, on ne les dérange pas. Les insectes travaillent pour nous ». Le jardin s’est enrichi au fil des années, créant une sorte de micro-climat. Récemment, des agronomes ont découvert qu’un mètre cube du sol comportait 3 kg de vers de terre ! « Il y a une flore intestinale dans la terre », continue Josine. « Avec le développement de la chimie inerte, on a considéré le sol comme un simple support pour les cultures, on l’a détruit ».

Le jardin d’Alexandre le Bienheureux

Rien ne se perd dans ce jardin. « On associe les plantes qui vont bien ensemble, on cultive le poireau ou l’ail des ours vivaces qui repoussent régulièrement, on utilise les plantes invasives pour le compost. »

Le public est varié : des habitants de Mouscron, mais aussi des curieux qui viennent de plus loin, de Belgique ou de France (les jardiniers des AJONC en sont adeptes). « La technique de la permaculture donne de l’espoir pour les pays africains. L’humus retient l’eau ».

Gilbert note d’autres évolutions. « Après les jardins individuels, je vois aujourd’hui des jardins collectifs se créer : les gens s’entraident, partagent les légumes. Mais en France, les associations de jardins ouvriers sont encore trop stricts. » On imagine en effet la tête de certains face au jardin-jungle de celui qui se surnomme lui-même Alexandre le Bienheureux. L’été dernier, il n’avait qu’à se pencher pour cueillir les fruits multiples de son activité « paresseuse »...

Fraternités Ouvrières
58 rue Charles- Quint - Mouscron
Visites possibles le jeudi après-midi entre 14h et 18h.

Cet article a été réalisé dans le cadre d’un partenariat avec le réseau belge IDée et est paru dans le n°204 du 23, été 2011