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Danielle Poliautre, pionnière et déterminée

dimanche 18 octobre 2009

Extrait du 23 n°197 - Automne 2009.

Figure du militantisme associatif et politique régional, Danielle Poliautre était pionnière pour avoir dès les années 1980 associé santé et environnement et ceci, dans tous les domaines : qu’il s’agisse de la qualité de l’eau, de l’air, des sols mais aussi des conditions de travail des citoyens et du confort de leur habitat, là où ils se trouvent, ici, ailleurs.

En 1982, alertée par les problèmes de gestation de vaches autour de l’usine Metaleurop à Noyelles Godault, elle s’est de suite emparée du sujet. Elle crée en 1990 l’association Environnement et Développement Alternatif afin de mener de manière libre une action qui d’emblée s’avérait périlleuse.

Eviter le saturnisme des enfants vivant à proximité de l’usine Metaleurop, améliorer les conditions de travail des ouvriers, redonner aux agriculteurs la possibilité de produire des denrées de qualité, informer les habitants sur les conduites à tenir pour limiter la contamination par les poussières, tout cela a permis qu’un périmètre d’Intérêt Général soit officiellement défini par la Préfecture du Pas de Calais en 1997. Elle crée l’association Espace Biotique en 1998 pour expérimenter « in situ » les phytotechnologies avec l’appui de la Région Nord Pas de Calais.

Les critiques, les embûches, les résistances à tous niveaux jusqu’à un procès en diffamation, rien ne lui a été épargné. La signature en janvier 2002 d’une convention avec l’entreprise Metaleurop en Préfecture de Lille a constitué la preuve qu’à force de conviction, le dossier le plus noir pouvait donner lieu à un engagement ouvert vers des solutions d’avenir construites ensemble.
Elle a animé plusieurs collectifs pour sensibiliser à l’importance des Sommets mondiaux : après être allée à Rio en 1992, elle a créé une formation à laquelle de nombreuses personnes ont participé sur la thématique du développement durable et de la préparation des Agendas 21.

Mettre à plat, parler des problèmes posés et rechercher ensemble les meilleures alternatives possibles en fonction de la technologie du moment, telle était sa démarche. C’est ainsi qu’elle a sensibilisé à la qualité de l’air et contribué à l’émergence de la bio-indication. Par sa présence à de nombreuses commissions, elle n’a eu de cesse de faire des propositions innovantes pour la qualité de l’eau, l’aménagement du territoire lors de la préparation des documents d’urbanisme.

Dénoncer les méfaits de l’amiante sur la santé des ouvriers et de leurs proches a aussi constitué un point fort de son engagement dans les années 1990. Elle a animé le Collectif régional anti-amiante et facilité la création de l’Association Régionale des Victimes de l’Amiante en soutenant Pierre Pluta de Dunkerque.

A l’écoute des associations locales elle a soutenu les riverains de l’usine Resonor de Fives victimes de retombées massives de poussières lors de la combustion de charbon pour alimenter la Générale de Chauffe. Quelques réunions, rencontres, luttes plus tard, c’est une chaufferie cogénération gaz qui répond aux besoins de la Ville de Lille, une entreprise ouverte sur le quartier avec sur les murs et cheminées de dessins d’enfants, emblème d’un grand projet qu’elle a initié « Chaleureux Paysages ». De même, à l’entrée de Lille, pour les immeubles longeant l’autoroute et exposés à l’inconfort du bruit et des gaz polluants, elle a initié en 1998 avec les habitants du quartier des 18 ponts une requalification des espaces verts pour améliorer le cadre de vie. Elle a aussi initié les dossiers pour une meilleure isolation des appartements, en partenariat avec l’opérateur.

Partage permanent de l’information, constitution de réseaux, écoute de l’avis de chacun, autant de pratiques inhabituelles mais qui lui ont permis de proposer sans cesse, d’oser les innovations et de se donner les moyens pour les mettre en pratique.

Elle dérangeait parce qu’elle avait raison et que les solutions pertinentes proposées demandaient de remettre en question les routines, les habitudes, les savoir-faire, les hiérarchies, les rôles de chacun… mais elle était respectée car ses arguments étaient fondés, sa détermination immuable et son souci du bien être de la qualité de vie pour tous, permanente.

Anita Villers - Environnement et Développement Alternatif