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Emile Vivier, fervent défenseur de l’environnement, est décédé lundi 13 juin à l’âge de 88 ans.

lundi 13 juin 2011

Emile Vivier, fervent défenseur de l’environnement, cofondateur de Nord Nature et de Nord Ecologie Conseil, professeur honoraire de biologie à l’université de Lille I, est décédé lundi 13 juin à l’âge de 88 ans.

Il était également une des personnes à l’origine de la création de la Maison de la Nature et de l’Environnement (aujourd’hui devenue MRES) et nous souhaitions lui rendre hommage.

Voici un portrait que nous avions fait lui dans le journal d’expression associative, le 23, début 2005.


Emile VIVIER ou la Mémoire Régionale pour la Défense de la Nature.

De l’imprégnation de la petite enfance à la thèse de protozoologie, la jeunesse d’Emile VIVIER, riche en événements personnels et historiques l’a mené inexorablement vers la protection de la Nature et de l’environnement.

Quels chemins vous ont conduit à la création de Nord - Nature ?

Après une belle enfance passée à la campagne, malgré des ennuis de santé qui me retardent dans mes études, je suis tout juste bachelier confronté à la guerre. M’évadant du service de travail obligatoire, j’entre en résistance en Auvergne, puis m’engage dans la 1ère armée à la libération.
A peine sorti de la caserne, je cours m’inscrire en faculté ; bénéficiant d’une bourse d’études.
Fraîchement agrégé de sciences naturelles nommé au lycée du Puy en Velay, je crée un club de jeunes naturalistes avec mes élèves et m’engage dans la réfection totale du musée des sciences du lycée.
Puis c’est la thèse qui débouche en 1960 sur ma nomination à la faculté des sciences de Lille et au Collège Universitaire d’Amiens puis sur la chaire de biologie animale à Lille en 1968..
A ce titre, ma participation à des congrès scientifiques internationaux me font vivre de l’intérieur des événements majeurs de notre HISTOIRE européenne : 1961 Construction du mur de Berlin, 1968 Printemps de Prague, puis Solidarnŏsc à Varsovie (1981).
Nommé dès 1968, chef d’une équipe de recherche du CNRS, je mets en évidence dans mon laboratoire les agents de la toxoplasmose qui me valait ma première publication internationale.

Dans le même temps, je travaille avec le Directeur du Service des Pêches sur les problèmes de pollution de la LAVE et de la CLARENCE, tandis que l’une de mes élèves prépare une thèse sur la pollution et l’auto-épuration de la Lys et de la Deûle que l’on présentait comme exemple de pollution majeure jusqu’à l’université de TOKIO. Je noue des liens avec l’agence de l’eau pour des installations de lagunage à Wavrin, puis au Près du Hem, où je travaille avec Marcel Bodard, Spécialiste du Phytoplancton.
Puis c’est la renceontre avec : JM GEHU, M. GUILLON, L. KERAUTRET, M. DHENIN, A. GOUILLART… et quelques autres bien connus dans notre région, car si aucune vision " environnementale " globale n’existe encore à l’époque, nombreux sont ceux qui mènent des actions et ont conscience de la dégradation importante de la nature dans le Nord Pas de Calais.
Lors du Salon Animavia de Février 70, des contacts sont pris entre militants associatifs :
Botanistes, ornithologistes, naturalistes, géologues, entomologistes, géographes.. s’attellent au travail de coordination, de rédaction des statuts ; ceux-ci déposés en Préfecture en Décembre 1970 donnent naissance à la fédération Nord – Nature qui engage dès cette époque des actions retentissantes en faveur de la protection de l’environnement naturel en Nord – Pas de Calais.

Quelle a été votre contribution à la naissance de la Maison de la Nature et del’Environnement de Lille ?

En 1974, je préside aux destinées de Nord Nature, et lors de la campagne municipale, je rencontre M.MAUROY, à son initiative qui promet une maison de la nature à Lille ; mais je rencontre aussi M. SEGARD, également candidat à la Mairie de Lille, qui s’engage lui sur un futur Institut d’Ecologie pour Lille.
La suite nous la connaissons Pierre MAUROY, élu, tient ses promesses et met à disposition des associations les locaux actuels ; Marcel BODART présent sur sa liste en devient Président de la MNE et Pierre RADANE menant la liste " Les amis de la Terre " est nommé directeur. C’était il y a 26 ans !

Quel est pour vous, aujourd’hui le rôle du monde associatif ?

S’il est légitime de penser qu’après plus de trente années de militantisme, les préoccupations environnementales des associations sont maintenant largement partagées, force est de constater qu’il est grand temps de passer de la prise de conscience à l’action, et là encore le rôle des associations est prépondérant ; si elles doivent toujours garder leur vocation d’ALERTE, elles ont à inventer d’autres moyens de lutte, et être plus que jamais force de proposition.
Les quatre grands pôles environnementaux sont identifiés : Pollutions, énergies, réchauffement, bio diversité des réglementations existent, cependant non seulement elles ne sont pas toujours appliquées, mais il n’existe encore que peu de moyens de contrôle et encore moins de moyens pour les faire respecter. Peut-être est-ce là un axe de réflexion et d’action pour les associations !
En corollaire, j’engage chacun d’entre nous à réfléchir sur deux termes très souvent employés et peu compatibles, à mon sens avec la défense de l’environnement : croissance et développement.
Pourquoi ne pas parler plutôt d’Equilibre !
A méditer…

Quel est votre sentiment sur l’avenir de la région en matière de Nature et d’Environnement ?

Sans optimisme débordant, nous pouvons noter des avancées non négligeables : la qualité de l’eau par exemple, même si certaines zones, comme le pays minier reste problématique ; s’il y a peu d’inquiétude à court terme sur la quantité pour notre région, la vigilance reste de mise.
Citons également la trame verte et bleue portée par la région.
Mais ce qui me semble être un véritable progrès c’est que nous avons appris à travailler entre acteurs de la dynamique régionale.
Je cite volontiers le Conseil économique et social régional qui regroupe les patrons, les syndicats, les milieux associatifs.
Tous les champs sont explorés par plusieurs commissions où la parole est libre et qui sont de véritables tremplins d’idées.
A titre d’exemple, citons le rapport sur l’eau transmis au Conseil Régional qui a abouti à l’établissement de cartes spécifiques, commune par commune, permettant une connaissance pointue de l’état de la nappe phréatique et des zones de champs captants.

Propos recueillis par H. CHANSON