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Situation des roms sur l’arrondissement de Lille - LDH Nord-Pas de Calais

lundi 14 décembre 2009

Propos tenus lors de la conférence de presse tenue le 8 décembre à Lille devant La Voix du Nord, Nord-Eclair et Libération, par Gérard Minet, président de la LDH Nord

Les localisations

Avec le collectif Roms, nous avons répertorié 18 sites de stationnement sur la communauté urbaine de Lille, ce qui représente environ 145 caravanes et une population se situant entre 1000 et 1200 personnes (évaluation de LMCU et des associations de soutien social :
 Croix : 5 familles
 Loos Epi de Soîl : 6 familles yougoslaves
 Fives : 7 familles
 Marbrerie : 4 familles
 Porte de Douai Lille : 16 familles
 Porte de Gand : 5 familles
 Saint-André : 2 familles
 Mons en Baroeul : 11 familles
 Roubaix canal : 12 familles
 Roubaix près du canal : 8 familles
 Roubaix stade : 6 familles bulgares
 Villeneuve 4 cantons : 8 familles
 Villeneuve 4 cantons 2 : 4 familles
 Villeneuve : Mons Cimetière : 4 familles
 Villeneuve Ecola d’archi : 9 familles
 Villeneuve Les prés Métro : 10 familles
 Villeneuve Les prés rond point : 8 familles
 Wasquehal : 19 familles

Les problèmes du moment

Les problèmes rencontrés par les familles, par les hommes, les femmes et les enfants Roms relèvent de plusieurs domaines

A – Les problèmes de stationnement et d’hébergement

Nous avons les plus grandes craintes en ce domaine. L’hébergement d’hiver nous semble risquer d’être en régression par rapport aux réalisations de l’hiver dernier. Les familles et notamment les enfants risque de passer cet hiver dans des conditions sanitaires extrêmement difficiles, avec de gros risques d’accidents
 Aucun espace de stationnement n’a été mis en place par la Préfecture et les services municipaux à l’exception des 4 sites de mobil homes (Fives, Faches-Thumesnil
 LMCU avait proposé 15 sites qui ont reçu une fin de non recevoir des communes ou des « mouvements » de riverains, voire de campagnes politiques d’opposition (Lille Sud, Roubaix)
 La Préfecture chargée de l’hébergement d’urgence à limité ses objectifs à l’insertion de 200 personnes (sur plus d’un millier) et a mis en place une politique peu efficace d’aide au retour ou de reconduite à la frontière (cf courrier du préfet du 28 septembre). Il n’y a pas de politique nationale d’insertion de cette population
 La politique préfectorale d’hébergement d’urgence est en régression

 30 chambres en hôtel : mise en place en cours
 30 chambres à l’EPSM d’Armentières (5/6 familles)
 Plan Grand froid à l’Espace international, rue Kuhlman (20 places de mise à l’abri qui ne concernent que la nuit avec sortie en journée et qui n’est mise en œuvre que lorsque la température tombe à -4°)
 L’EPSM de Bailleul qui avait été un point central d’accueil l’hiver dernier n’était pas encore ouvert lors de notre dernière réunion de collectif la semaine dernière. Une réunion avait toutefois eu lieu le 4 décembre avec participation de la DDAS et des associations spécialisées. Aucune décision n’avait encore était prise

B- Problèmes financiers et alimentaires

Ces familles roms, sans domicile fixe n’ont pas la possibilité de travailler quand elles sont originaires de pays hors de la zone Europe (Ex-Yougoslavie). Toutes ces populations (Europe et hors Europe) sont soumises à des conditions de ressources absolument inatteignables (revenu égal au SMIC, contrats…). Fautes de ressources le séjour est limité à 3 mois et des OQTF sont accompagnées de reconduites à la frontière …belge. Les aides au retour organisées au printemps sont des leurres car les conditions de séjour dans le pays d’origine sont telles que le retour vers l’Europe de l’Ouest constitue très souvent la seule solution aux brimades vécues sur place
 Arrêt de l’AMASE (Aide mensuelle d’aide sociale à l’enfance). Cette aide était l’une des ressources essentielles des familles nombreuses rom. La décentralisation gribouille mise en place par l’Etat a réduit les ressources du département qui a stoppé cette allocation qui est absolument vitale. La préservation de la vie et de la santé est à nos yeux une exigence absolue qui ne peut être conditionnée par les équilibres budgétaires
 L’absence de titre de séjour conduit ces populations à l’inexistence sociale et à la privation de droits élémentaires. Pas de droit à la Caisse d’Allocation Familiale. Le problème central devient donc celui de l’accès à l’alimentation. Les familles sont contraintes au système « débrouille » : recherche dans les poubelles ou après les marchés, mendicité, notamment des enfants, femmes enceintes privées d’aide financière à la naissance. Avec les éléments jeunes, cela peut déboucher sur des actes délictueux. L’aide sociale à l’égard de cette population doit être le principal acte d’insertion, de prévention, de reconnaissance. Cette « lutte pour la vie » est aussi un obstacle à la scolarisation
 Les familles rom sont souvent marginalisées ou exclues de l’aide alimentaire. L’absence de papiers leur empêche souvent d’y accéder. Les structures d’aide alimentaire (Secours Populaire, Restos du cœur) dont on doit saluer l’action et le dévouement éprouvent de graves difficultés pour intégrer ces familles à leur programme
 L’AREAS et le Secours Populaire effectuent chaque semaine une distribution alimentaire sur les terrains. Cela touche une trentaine de familles et se révêle donc très insuffisant de l’aveu même des associations

Des solutions ?

Stationnement : le collectif maintient ses demandes de l’an dernier : mobil homes ou autres solutions alternatives de logement + terrains de transit répartis du la communauté et permettant de vivre dans des conditions sanitaires acceptables : poubelles, sanitaires, points d’eau etc…

Plus de dispositifs de mise à l’abri pour urgence humaine et sanitaire. Le plan préfectoral doit être élargi

Accueil de jour pour « se poser » et mieux passer l’hiver (doucches, machines à laver, vestiaire, repas chauds, personnel éducatif + bénévoles. De telles structures nécessiteraient évidemment des financements pour les locaux et structures diverses, pour un personnel, pour la gestion et le suivi médical.

Ces deux dernières propositions sont des mesures d’urgence afin d’éviter des drames comme il y a deux ans, pour éviter des dégats sanitaires graves, notamment chez les enfants.

Mais il n’y a de solution réelle que durable par un plan national et par un plan départemental et régional qui permettraient une organisation globale des sites et des moyens.

Dans la période anniversaire de la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme, c’est bien le minimum que l’on puisse réclamer dans notre secteur hyper-développé de l’Europe de l’Ouest.