23 n° 201 : automne 2010

lundi 18 octobre 2010

Le 23 automne dans tous ses étages !

Ce numéro rougeoyant du 23 s’attaque aux multiples problèmes du logement, des expulsions aux inégalités face aux gouffres à énergie en passant par l’hébergement des demandeurs d’asile et le logement intergénérationnel... Au fil des pages, on pourra lire également un portrait de Claude Pruvot, militant multi-casquettes, un article sur les alternatives en matière d’agriculture et des conseils pratiques pour devenir une lumière sur les ampoules et le compost !

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Edito

METTRE EN ÉCHEC LES STRATÉGIES DE HAINE

En France, l’été 2010 a été lourd de menaces pour la paix civile et la cohésion républicaine.

Après le pénible et vain débat sur l’identité nationale, nous avons dû subir une avalanche inouïe de déclarations tonitruantes, au degré zéro du simplisme sécuritaire : déchoir de la nationalité française certains criminels d’origine étrangère (combien de générations ?), ne plus accorder la nationalité française aux mineurs délinquants nés en France de parents étrangers (« Français ou voyou, il faut choisir »), fortes amendes pour les municipalités « laxistes » dans la prévention de la délinquance, emprisonnement de parents de mineurs délinquants...

A ces discours se sont joints des actes : expulsions à répétition et démantèlements brutaux des camps de Roms, certes en situation irrégulière, mais pour lesquels aucune disposition régulière n’existe, harcèlement de gens du voyage, pourtant de nationalité française, interventions à grand spectacle dans certains quartiers...

Ces comportements provocateurs cultivent systématiquement l’amalgame entre délinquance et immigration, ils stigmatisent une communauté toute entière, ou un quartier dans sa totalité, en exploitant sans vergogne quelques faits divers douloureux. Ils visent à ancrer dans les esprits la notion antirépublicaine, anticonstitutionnelle, et moralement perverse, selon laquelle il y aurait deux sortes de criminels, les Français de souche et les autres, justifiant des traitements différents.

Bien sûr cette pratique a un objectif de diversion, par rapport au chômage, aux inégalités sociales croissantes, à la réforme des retraites, aux « affaires » politico-financières. C’est aussi un calcul électoral, et la méthode n’est pas nouvelle.

Alors faut-il réagir, au risque de renforcer le tapage et ses effets désastreux, ou faire confiance à la constitution française et à la législation européenne pour que les annonces ne débouchent pas sur de nouvelles lois ? Cette évolution est assez probable, mais il n’en reste pas moins que la furie sécuritaire et xénophobe que l’on nous déverse dans une mise en scène de film de guerre est en elle-même dangereuse. L’accepter c’est renforcer l’escalade de la violence. Que cette violence soit réelle ou symbolique, promise ou fantasmée, elle est en quelque sorte légitimée par la parole du président et de ses ministres : ne les laissons pas prendre ce risque.

Mireille HAVEZ
vice-présidente MRES


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